« Balisage » en Gironde, l’opération continue
J’ai encore les souvenirs du marais Vernier qui flottent dans ma tête quand je quitte l’autoroute à la sortie St-Ciers-sur-Gironde. J’atteins le port des Callonges et remarque un panneau : « Terres d’oiseaux ». C’est là ! Garées à coté de maisons basses aux volets bleus, j’aperçois des voitures étrangères au 33. Ces « étrangers » ne peuvent être que nos équipiers ! Agents techniques, techniciens, participants venus de tous les horizons qui se retrouvent avec joie : congratulations et embrassades. En tout cas, il y a du monde et du beau monde ! Côté fédération de la Gironde : les deux techniciens bagueurs sont là, filets au poing, bientôt rejoints par notre ami Frédéric Massie, administrateur de la fédération et rapporteur des travaux bécasses et bécassines. Pour l’ONCFS, toute l’équipe bécassines est au garde-à-vous : Yves Ferrand, Kevin Le Rest et Damien Coreau, plus le maître des lieux et « roi de la nasse », Jean-Pierre Baudet, qui est responsable de la gestion du territoire au nom de l’Office. Enfin, côté CICB, le président (moi-même) et notre administrateur, Pierre Foucher, muni de sa mini caméra dont il est toujours prêt à se servir, et là il va avoir des occasions, c’est garanti ! En tout, nous sommes dix, plus les stagiaires qui font visiter le site pendant les périodes d’ouvertures de la belle saison et qui s’intéressent à ce que nous faisons. Je note au passage que c’est particulièrement l’élément féminin qui s’intéresse à ce que fait Jean-Pierre... A chacun ses bécassines !
Une fois au complet, nous remontons dans les voitures et suivons Jean-Pierre qui nous mène sur les meilleurs lieux de baguage. Quand notre petit groupe s’arrête, nous n’avons pas encore le temps de descendre que ça commence à décoller : deux devant, trois sur le côté, puis encore une, et deux derrière... Enfin, c’est une bonne dizaine de bécassines qui prennent la poudre d’escampette. Nous nous frottons les mains : il n’y a plus qu’à tendre les filets, attendre la nuit noire, puis venir récupérer les prisonnières. Quand nous exposons ce beau projet à Jean-Pierre, il ricane : « Ça m’étonnerait, le soir, elles ne reviennent pas ! » Bon, laissons-le dire, c’est bien sûr qu’on va en prendre quelques-unes. Nous rentrons aux baraques. De son côté, Kevin recommence à triturer les balises avec l’espoir qu’elles vont merveilleusement nous inonder de données géographiques. Quoi qu’il arrive, nous ne sommes pas bredouilles, puisqu’après la pose des filets, Jean-Pierre accompagné d’Yves est allé visiter ses lignes de nasses. Dans la 3ème, il a trouvé « fort mécontente » une demoiselle qui ne demandait qu’à s’en aller et qui n’arrêtait pas de se rebiffer, n’attendant que la quille ! Comme ses 86 g ne risquaient pas de nous réjouir, elle fut, dès notre retour, mesurée, baguée et renvoyée à ses occupations.
Mais la nuit est tombée : on y va ! Retour sur les lieux. Armé de torche ou de lampe frontale, chacun va examiner sa longueur de filet. On se retrouve aux voitures pour le débriefing. Il est rapide : c’est « la tête à toto », zéro plus zéro ! Pas un piaf, Jean-Pierre avait raison. Nous sommes bien obligés de le reconnaître. Les filets ont été remontés et, après une courte discussion, chacun rentre chez soi ou reste sur place selon la distance. Je retourne dans mon chez moi girondin après avoir promené mes deux chiennes qui ont eu droit à de bonnes cavalcades dans la journée, mais évidemment pas dans les terroirs à bécassines.
Demain sera un autre jour !
Comme convenu, j’arrive vers 8 h. Yves et Kevin reviennent de leurs filets : rien. Nous avons un petit coup de blues, l’affaire semble vraiment mal partie. Le portable d’Yves grésille, et je saisis la voix euphorique de Jean-Pierre : «Moi, j’en ai onze !». Pour atténuer le choc, il ajoute : «Mais il y a deux sourdes !». En prenant un café, nous devisons. Jean-Pierre avait raison sur toute la ligne. Il nous rejoint bientôt avec un sourire jusqu’aux oreilles. On trie dans l’abondance ! Les sourdes sont vivement mesurées, baguées et relâchées. La première s’aplatit et refuse de bouger, même chatouillée. La seconde posée à côté ne demande pas son reste et du coup la première décolle à toute vitesse. Maintenant, c’est le tour des « marais ». Les plus lourdes sont choisies car, plus l’oiseau est lourd, plus le pourcentage de poids représenté par la balise diminue. Yves, Kevin, Damien et Jean-Pierre en équipent chacun une. Il est important qu’il y ait plusieurs techniciens capables de poser correctement une balise, ce qui n’est pas si évident ! Je suis frappé de voir que deux oiselles vont se débattre comme des petites diablesses, au point que l’une réussira même à s’échapper avant la photo du départ, alors que les deux autres resteront de longues minutes dans l’herbe, appuyées sur les tarses, avant un décollage foudroyant et complètement inattendu.
Désormais, nous sommes à mi-chemin avec 5 oiseaux lâchés (1 à la Grand-Mare et 4 à Braud et St Louis), nous sommes aussi fin février. Il faut trouver le temps de retourner sur l’un ou sur les deux sites pour poser les cinq balises restantes. Quelques jours plus tard, Damien qui recherche un nombre suffisant de bagueurs qui soient disponibles en même temps, ce qui est généralement compliqué, m’appelle : « Est-ce que le 14 mars à la Grand-Mare te conviendrait ? – Impossible, dis-je, c’est le jour de l’assemblée générale de la FNC. Mais ça n’a aucune espèce d’importance, si tu as les gens qu’il faut, vas-y et s’il y a assez d’oiseaux, appareille-les. Nous sommes mi-mars, les bécassines ne vont pas attendre le mois de mai pour partir. »
Ce qui fut dit fut fait. Une première bécassine fut prise le 13 au soir et d’autres le matin du 14 mars, en quantité suffisante pour qu’elles repartent chacune avec une balise.
Ici se termine l’instrumentation de 2017.
Il ne nous restait plus qu’à nous mettre à l’écoute des radio-balises censées nous donner tous les neuf jours trois localisations des jours précédents pour chaque balise.
Patrice FEVRIER
Crédit photos : ONCFS et CICB
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