La bécassine des marais
Lors de la création du CICB en 1986, son fondateur Jean de Mareuil s’était immédiatement appuyé sur un jeune vétérinaire du nom de Michel Devort. Celui-ci, après avoir passé sa thèse de doctorat dont l’objet était une étude sur la bécasse en Bretagne, exerçait à Bordeaux. Mais il passait son temps libre à chasser les bécassines sur l’île de Malprat et à essayer d’approfondir ses connaissances, notamment en reconnaissant l’âge (adulte ou juvénile de moins d’un an) et le sexe par l’observation du plumage. Une méthode qui devait permettre d’âger et de sexer tous les oiseaux capturés par les bagueurs avant de les relâcher. Cette connaissance s’étendait aussi aux chasseurs, puisqu’en récupérant une partie du plumage (une aile et les plumes de la queue) ceux-ci pouvaient connaître l’âge et le sexe de leurs captures. Depuis 1975, Michel Devort faisait seuls des recherches dans ce domaine. Ses travaux s’appuyaient sur des autopsies qui permettaient de valider (ou non) les résultats obtenus par la simple observation du plumage. Rappelons que l’âge est connu par la présence ou l’absence de la bourse de Fabricius qui disparaît chez les adultes.
Avec la parution du livre Les Bécassines et leur chasse (Editions de l’Orée) en novembre 1986 et la création du Club six mois auparavant, le Dr Devort commença à travailler sur un nombre beaucoup plus important d’oiseaux ce qui lui permit d’affiner sa méthode.
En 1997, il publia avec l’équipe d’OMPO un livre de 100 pages La bécassines des marais éléments pour un plan d’action (Editions Confluences) dans lequel il faisait la synthèse de 10 années de récolte et d’analyse de plumages.
En 2002 paraissait en français et en anglais la Clé de détermination de l’âge et du sexe de la bécassine des marais Gallinago gallinago par l’examen du plumage. Bien que son nom ne soit même pas cité, c’est bien Devort et ses études qui étaient à la base de cette publication qui sinon n’aurait jamais vu le jour. Elle reste aujourd’hui la base d’identification utilisée par les bagueurs ainsi que par les analystes qui se réunissent tous les ans pour effectuer la lecture de plusieurs milliers de plumages.
Après un arrêt entre 2001 et 2004, le système est maintenant bien rôdé et le dernier rapport (2016-2017) indique un taux d’erreur sur un sous-échantillon de plumage choisi au hasard de 7,4 % pour l’âge (soit 92,6 % de résultats exacts) et de 8,4 % pour le sexe (soit 91,6 % de résultats exacts). Des résultats largement dans les normes d’expériences du même genre.
La bécassine sourde
Dans le début des années 2000, le Dr Devort s’attacha à obtenir des résultats similaires pour la reconnaissance de l’âge et du sexe de la bécassine sourde. En 2007, 225 oiseaux fournis par le CICB avaient été autopsiés par les élèves de l’école vétérinaire de Nantes, chargés de trouver la bourse de Fabricius seulement présente chez les juvéniles. Avant de donner les oiseaux, le Dr Devort avait estimé les âges par sa méthode. Le résultat global fut de 90,8 % de bon classement, ce qui est tout à fait honorable. Mais ce pourcentage monta à 94,4 % pour un sous-échantillon de 36 oiseaux dont la recherche de la glande de Fabricius avait été supervisée par le Dʳ Devort. Il était fort difficile, pour de futurs vétérinaires non habitués à cette discipline, de repérer cette glande qui mesure un millimètre de diamètre, est entourée de graisse et commence à involuer en novembre, pour disparaître au septième mois de vie. Sur les 225 déterminations, toutes les différences d’analyse, sauf une, allaient dans le même sens : juvénile selon la lecture du plumage et adulte à l’autopsie. Il est donc possible que bien des cas aient été dus à une bourse de Fabricius ayant involué ou qui n’avait pas été trouvée.
Après plusieurs années de travail conjoint entre lui et les scientifiques de l’ONCFS, une fiche de reconnaissance fut publiée qui permet aux lecteurs expérimentés de reconnaître l’âge de l’oiseau (adulte de plus d’un an ou juvénile dans sa première année).
En revanche, c’est une équipe ornithologique polonaise dirigée par Arkadiusz Sikora qui trouva le moyen de reconnaître le sexe des bécassines sourdes, même sur des oiseaux vivants, avec cinq mesures déterminantes : longueur de l’aile, longueur de la tête, longueur et hauteur du bec, longueur du doigt central avec l’ongle. Dans ce cas, 99 % des oiseaux sont sexés correctement (vérification par analyse sanguine). Parmi ces mesures, la longueur de l’aile pliée a le plus grand pouvoir discriminant.
C’est donc cette mesure qu’utilisent les bagueurs et les lecteurs de plumages français, tout en sachant qu’il y a une taille intermédiaire qui ne permet pas de connaître le sexe.
En raison de la situation actuelle, la BOURSE DES TERRITOIRES est suspendue jusqu'à nouvel ordre.