Chasse à la bécassine au Québec
Au Québec la bécassine est un gibier peu exploité. Je dirais que les bécassiniers sont une espèce en voie de disparition. Traditionnellement la chasse commerciale des bécassines, chevaliers et courlis se pratiquait avec des appelants (formes) en bois sur les battures à marée basse, jusqu’à ce qu’elle soit interdite en 1929. La plupart des chasseurs de grève ont disparu vers le début des années 1970 lorsque les courlis et les chevaliers sont devenus des espèces protégées. Il ne reste que quelques passionnés qui chassent la bécassine avec un chien d’arrêt ou un rapporteur. La bécassine est abondante sur les berges tout le long du fleuve Saint Laurent. Elle se retrouve également dans les champs ou les prairies inondées éloignées du fleuve.
Le lac Saint-Pierre est la région principale où je chasse la bécassine. Le lac Saint-Pierre est un lac dans un fleuve, avec sa superficie de 43 km par 15 km il est traversé par le fleuve Saint Laurent et sa voie maritime. La présence de nombreuses îles (103), la faible profondeur de ses eaux (de quelques cm à trois mètres en moyenne) ainsi que l’envergure de sa plaine inondable confère au lac Saint-Pierre une remarquable abondance d’habitats.
Les milieux humides du lac Saint-Pierre représentent 20% des milieux humides encore présent le long du Saint Laurent. À eux seuls les milieux humides et les marais occupent plus de 270 km2, soit près de 55% de la surface du lac.
Les marais sont tous naturels et sans aménagement. Donc le niveau de l’eau est sujet aux caprices de dame nature. La végétation que l’on y retrouve est composée de jonc, roseaux, quenouille, scirpe, riz sauvage et de mousse. La bécassine affectionne les marais parsemés de mares qui n’ont pas plus de 2,5 cm à 5 cm de profondeur et où l’on retrouve beaucoup de vase et de mousse pour vermiller.
La bécassine se pose sur les huttes de rat musqué ou en bordure des grandes mares au milieu d’une végétation très dense, surtout le soir car elle y est à l’abri des prédateurs. La marche dans les marais n’est pas toujours facile car à chaque pas les pieds s’enfoncent dans la boue ou la vase. J’ai remarqué que si on chasse dans un marais où le sol est plus ferme on retrouve beaucoup moins de bécassines que dans les endroits ou la marche est rendue difficile par la vase.
Les modes de chasse :
Je chasse la bécassine dans les marais avec un chien d’arrêt ou un labrador. Je ne peux concevoir de chasser la bécassine sans un chien, car alors le pourcentage de gibier perdu est trop élevé. Depuis 1997 l’usage de la cartouche à grenaille de plomb est interdit pour la chasse aux gibiers d’eaux. Avec la grenaille d’acier le nombre de bécassines blessées est plus élevé donc les risques de pertes sont presque de 100% si on chasse sans chien Il arrive que je chasse la bécassine sur des prairies inondées. Lorsque les pluies sont abondantes et que les champs de foins où pâturent les vaches sont recouverts de quelques centimètres d’eau on y retrouve de belles concentrations de bécassines qui viennent s’y nourrir. Ces champs sont fréquemment situés en bordure de petits boisés ou de ruisseaux, où il arrive alors que j’ai la chance de récolter quelques bécasses, lièvres et même des canards.
Je chasse la bécassine au cul levé et souvent j’ai la chance de récolter des canards qui sont surpris sur les mares où ils se reposaient. Comme je tire des cartouches de 28 g en 7 _ (plus petite grenaille disponible dans l’acier) si un canard est tiré, il tombera blessé et retrouver un canard blessé dans les marais est presque impossible. Raison de plus pour l’usage d’un chien. Je ne chasse pas tôt le matin, car les bécassines sont méfiantes et ont tendance à s’envoler hors de portée de tir. Je chasse aussi dans la région de Québec sur les rives du St Laurent. Lorsque la marée se retire, les battures sont à découverts et les bécassines s’y retrouvent en grands nombres pour se nourrir. La végétation se compose de scirpe d’Amérique, la principale nourriture de l’oie des neiges. La végétation est souvent clairsemée à cause des oies qui mangent les racines des plants de scirpe. Les bécassines se déplacent toujours en suivant la ligne d’eau et vermillent à l’abri dans le scirpe, jamais à découvert. Cette chasse est fructueuse les jours où les vents sont faibles, par grand vent les bécassines ont tendance à s’envoler loin devant le chien.
Les bécassines arrivent vers la mi-avril et débutent leur parade nuptiale dans les marais. À l’ouverture de la saison de chasse (le quatrième samedi de septembre) on récolte toujours quelques oiselles. Les plus fortes densités de bécassines se retrouvent en octobre. En moyenne on peut lever de 20 à 35 bécassines par sortie et lors de beaux passages il est fréquent de lever plus de 50 bécassines en 2 ou 3 heures de chasse. En moyenne il faut compter de 3 à 4 cartouches pour une bécassine abattue. La chasse à la bécassine donne la chance de réaliser de beaux coups de fusil sur un gibier difficile à tirer et qui se défend bien, tout cela avec comme toile de fond un paysage sublime. Après avoir parcouru le marais et regardé notre chien rapporter la première bécassine de la saison, que peut-on demander de plus ?
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